Pourquoi avez-vous tourné Pirates des Caraïbes 2 et 3 en même temps ?

Jerry Bruckheimer : Tout simplement parce que nous avons très tôt pensé que pirates des caraibes avait tout le potentiel pour devenir une trilogie. Et pour des raisons de budget, il est toujours préférable de tourner deux volets à la suite plutôt que d'attendre quatre ans que tous les acteurs et techniciens soient de nouveau libre pour entamer une nouvelle production.

Orlando Bloom © BVI

"Tourner le 2 et le 3 en même temps, c'était très amusant"

Comment les acteurs vivent-ils de tourner deux films à la suite ?

Orlando Bloom : J'ai beaucoup aimé ce processus, c'est comme si on faisait juste un grand film. C'était très amusant, et cela permettait de développer et de faire évoluer nos personnages.

Johnny Depp : Oui, je suis d'accord avec Orlando. Mais c'était tout de même bizarre de tourner en février 2005 une scène puis de tourner en mars 2006 une autre scène censée se passer juste avant l'autre !

Quels sont les points communs entre Johnny Depp et Jack Sparrow ?

Johnny Depp : L'irrévérence, l'insolence ! Ce film m'a donné l'opportunité d'explorer une partie de moi-même que je ne peux pas exprimer dans ma vie. J'ai toujours eu la sensation que je connaissais intimement Jack Sparrow. C'est d'ailleurs ce qui m'a attiré dans ce projet à l'origine : j'ai toujours été fasciné par ceux que la société dénomme comme les marginaux. Je me sens proche de ces gens, ceux qui sont rejetés. Tous les personnages que j'ai précédemment interprétés sont d'ailleurs un peu comme ça, même si ce n'a jamais été de ma part une décision consciente.

Johnny Depp © BVI

"Quand mes enfants me voient à la télé, je quitte la pièce"

Johnny Depp, vous êtes devenu une idole pour les enfants après "Pirates..." et "Charlie et la chocolaterie". Et pour vos enfants ?

Johnny Depp : C'est tellement bizarre pour moi aussi ! Quand mes enfants me voient à la télévision, mon premier réflexe est de quitter la pièce où ils sont. Pour eux, que papa soit à la télé, c'est tout à fait normal, car ils n'ont rien connu d'autre. Un jour, un des camarades de ma fille lui a dit : "Quand même, ton père, c'est Johnny Depp !", et elle lui a répondu cette chose classique et magnifique : "Oui... et alors ?" (rires). C'est leur réaction naturelle.

Comment avez-vous travaillé vos personnages ? Et avez-vous des petites manies avant de tourner une scène ?

Johnny Depp : Me concernant, la préparation avait déjà été faite sur le premier pirates des caraibes. Pour retrouver Jack Sparrow, il suffisait donc qu'on me recoiffe, un petit compte à rebours : 3, 2, 1... et le revoilà ! Sinon, oui, j'ai des manies avant de tourner une scène, mais je ne les dirais pas ! Vous comprenez, si c'est magique, je pourrais perdre mon pouvoir en vous le révélant. Mais merci de l'avoir demandé !

Orlando Bloom : Niveau préparation, pas grand chose, la seule chose que je voulais c'était des vraies bottes de pirates et pas les horribles trucs que j'avais dans le premier ! Et comme Johnny, je ne pense pas dire quelles sont mes manies. Je suis superstitieux.

Johnny Depp

"Je voulais avoir ma propre vision de Jack Sparrow "

Johnny Depp, quelles étaient vos idoles quand vous étiez jeune ?

Johnny Depp : Au cours élémentaire, mes héros étaient Frankenstein, Dracula... Puis les Harlem Globe Trotters, Charlie Chaplin, Buster Keaton, James Dean, tous les chanteurs de rock... Tous ceux qui sont morts, en fait ! Au fur et à mesure que je grandissais mes idoles de jeunesse ont beaucoup changé.

Johnny Depp, est-ce que vous arrivez à vous sentir libre dans un grand film de studio comme Pirates des Caraïbes ? Peut-être grâce au rhum ?

Johnny Depp : (rires) On avait parlé de magie juste avant, rappelez-vous... (sourire). C'est sûr qu'au début ça n'a pas été facile. Quand je me suis présenté au studio Disney, je leur ai fait savoir que j'acceptais le film à une seule condition : qu'on me laisse avoir ma propre vision de Jack Sparrow. Et au début du tournage du premier volet, on a reçu la visite d'exécutifs de Disney, qui fulminaient en voyant mon look et mes attitudes : "Mais bon Dieu, il est en train de foutre le film en l'air !" (rires). Il a fallu qu'on s'explique un peu et qu'on se fasse confiance, mais au final tout s'est très bien passé.